Chers collègues,
Il y a un peu plus d’un an, lorsque les élèves des herbes folles ont lancé l’idée d’un éco-pâturage au lycée, nous nous sommes dit « pourquoi pas » mais l’idée restait très théorique.
Et nous y voilà ; les moutons sont là depuis une semaine et l’acclimatation se passe bien.
Je ne vous cache pas que face aux contraintes sanitaires et administratives (inscription à la chambre d’agriculture en tant qu’éleveur, avec toute la paperasse associée, dépistage de la brucellose etc..), j’ai failli lâcher l’affaire plusieurs fois.
Mais vos encouragements et vos petites phrases du style « quand est-ce qu’ils arrivent les moutons ? » « On pourra passer les voir quand tu ne seras pas là », « grâce à toi, je vais perdre une bouteille de Champagne » m’ont poussé à continuer.
J’ai beaucoup de personnes à remercier pour la mise en place de ce projet :
-Emilie et Fabien sans qui la mise en place de la clôture aurait été un travail de forçat,
-tous les élèves et les collègues impliqués dans la pose de la clôture,
-Marie, Isabelle et Madame Langlait qui m’ont vraiment facilité la tâche pour l’achat du matériel,
-Damien et son collègue pour la préparation du terrain et la récupération des palettes,
-Olivier et Pascal pour la réalisation du portillon,
-toute la salle des profs et la vie scolaire pour leur enthousiasme et leur regard bienveillant,
-et bien sûr la Direction qui nous a suivi dans cette réalisation.
Je regarde aussi avec plaisir les élèves du lycée qui vont voir les moutons et qui manifestent leur intérêt pour cet éco-pâturage.
Quelques informations sur les principaux acteurs de ce projet :
–Noisette est une brebis de race Soay âgée de un an et demi. Elle a déjà agnelé une fois.
Les Soay sont une race ancienne originaire de l’ile Ecossaise du même nom. La légende dit que les Vikings auraient amené ces moutons sur l’ile et les auraient abandonnés. Ils seraient restés pendant plusieurs siècles sans aucun contact avec l’Homme, retrouvant des caractéristiques ancestrales et sauvages.
Ce sont des moutons très résistants aux intempéries et aux parasites ce qui facilite l’élevage en bio. Même si ce n’est pas l’objectif au lycée, leur viande est réputée maigre et proche de celle des ruminants sauvages. Autre gros avantage : ils se délainent tous seuls ce qui évite la contrainte de la tonte.
Malgré tout, cette race est peu productive, de petite taille et intéresse peu les éleveurs professionnels. Ils sont avant tout élevés pour l’éco-pâturage comme par exemple à la Citadelle de Besançon ou à l’ENS lettre de Lyon.
-Cachemire est un bélier de race Ouessant âgé de 8 ans (on voit son âge avancé à la taille des cornes).
Les Ouessant sont une race originaire de l’ile bretonne du même nom. Il s’agit de la plus petite race européenne ; les femelles dépassent rarement les 15kg (par comparaison, une brebis Thone et Marthod atteint facilement les 80 kg).
Sa laine est réputée de très bonne qualité, mais c’est un mouton qui est difficile à tondre. Comme les Soay ce sont des moutons qui ne craignent pas le froid et les intempéries.
Les Ouessant avaient quasiment disparu, du fait de leur faible productivité en viande. Mais quelques passionnés ont sauvegardé la race.
–Anubis est un jeune bélier né le 19 avril 2025, fils de Noisette et Cachemire. Il a été castré par un vétérinaire il y a un mois.
Il s’agit donc d’un croisement Soay X Ouessant et je m’intéresse à la transmission de certains caractères sur cette hybridation, entre autres, la capacité de délainage.
Quelles sont les perspectives ?
-Dans les années qui viennent, les élèves de la section technologique devraient être impliqués dans la construction d’un abri avec certains automatismes.
-Le club « Les herbes folles » devrait réaliser avec Sylvain des affiches de communication sur l’éco-pâturage
-Notre lycée est envahi par une EEE (Espèce exotique Envahissante) à savoir la Renouée du Japon qui occupe une grande partie de la zone en friche. Et cette espèce peut être éliminée grâce au pâturage. Lorsque la clôture ouest du lycée sera refaite, nous créerons peut-être une nouvelle parcelle éco-pâturée de 3000 mètres carrés.
-Et à terme, j’aimerais me focaliser sur la race Soay et que le lycée devienne peut être un jour un « conservatoire de race ». L’idée serait d’avoir un partenariat d’élevage avec l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, école avec laquelle nous avons déjà un partenariat pédagogique.
www.ens-lyon.fr/actualite/campus/nouvelle-naissance-dans-le-jardin-de-lens-de-lyon
Encore merci à toutes et à tous
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FREDERIC SEVELINGE
Enseignant